Et si, pendant la guerre froide, les soviétiques s’étaient mis à utiliser des choses innommables et très anciennes ? Avec cette nouvelle, Charles Stross inaugure de manière originale une nouvelle interprétation du mythe de cthulhu, qui va s’épanouir dans les romans de la Laverie proposés en ce moment sur ExoGlyphes. Extrait choisi…
Encore une séquence photo
Depuis une très haute altitude – possiblement en orbite – une vue aérienne d’un lointain village dans un pays montagneux. De petites cabanes se blottissent sur un affleurement taillé à la serpe. Des chèvres broutent à proximité.
Sur la deuxième photo, quelque chose a traversé le hameau en roulant et a tout dévasté sur son passage. Le sillage ainsi laissé est assez différent des traces de dommages provoquées par des tirs d’artillerie : quelque chose d’environ quatre mètres de large avait raclé le plateau rocheux jusqu’à le rendre lisse, le sapant comme sous l’effet d’une grosse chaleur. Un pan de hutte gît, pareil à un ivrogne effondré, plus loin se trouve l’autre moitié, sectionnée de façon nette. Des os blanchis luisent faiblement sur cette macabre piste ; aucun
vautour ne descend pour picorer les restes.
Voix off
Ces images ont été prises très récemment, au cours de survols successifs d’un satellite KH-11. Elles ont été filmées à quatre-vingtneuf minutes d’écart, précisément. Ce village était le domaine d’un chef moudjahid renommé. Remarquez les empreintes similaires à celles des chargements des remorques de porte-engins vues lors de la parade de 1962.
Ces indices étaient là, trahissant la présence d’unité de serviteurs déployés par les forces soviétiques en Afghanistan : la piste d’assimilation d’un gabarit de quatre mètres de large. L’effondrement complet de la matière organique sur ladite piste. La vitesse de cette destruction – l’événement avait pris moins de cinq mille secondes pour s’achever, aucun survivant n’était visible, et l’agent responsable de cela avait déjà été remonté sur sa remorque lors du deuxième survol orbital. Et cela malgré le fait que les membres de cette communauté étaient armés de DShK, des lourdes mitrailleuses, des lanceroquettes, et des AK-47.
Enfin, rien n’indique que l’agent responsable de l’attaque n’ait ne serait-ce que dévié de sa course, mais la zone tout entière est dépeuplée. En dehors des restes exempts de toute chair, il n’y aucun signe d’habitation humaine.
Face à tous ces indices, si particuliers, nous n’avons d’autre alternative que de conclure que l’Union soviétique a violé l’Accord de Dresde en déployant BOUJEUM DORÉ DE JUILLET en mode offensif dans la passe de Khyber. Il n’y a aucune raison de penser qu’une division de blindés de l’OTAN s’en serait mieux tirée que ces moudjahidin, sans soutien nucléaire…
L’intégralité de la nouvelle et la suite des romans inédits de la Laverie vous attend, pour 3 euros sur ExoGlyphes. A l’heure ou j’écris, nous sommes à une vingtaine d’euros seulement du palier.
A noter également : les 50 premiers souscripteurs, même avec l’option de base à 3 euros par sortie se verront attribuer le privilège d’intégrer la cabine d’équipage et de donner son avis sur les points de traductions et les ouvrages à venir.
Image de Couverture : extrait du Film Wargames de John Badham
Merci à Charles Stross et au traducteur Jacques Fuentealba, pour leur aimable autorisation, ainsi qu’à la revue Galaxie, ou la nouvelle est parue pour la première fois dans le numéro 15, en 2011